Résistance corse contre les licenciements

Publié le par pcf1920

Mobilisation . Dans les deux départements corses, des comités pluralistes se mettent en selle et alertent sur les effectifs salariés en baisse.

Ajaccio (Corse-du-Sud),

correspondance particulière.

Frappée par les incendies qui ont ravagé quelque 8 000 hectares de maquis, forêts et terrains agricoles, la Corse n’est pas épargnée par la montée d’un autre fléau : le chômage et les disparitions d’emplois. Le phénomène n’est pas nouveau, même s’il fut moins rapidement visible dans l’île que sur le continent, car les deux départements corses étant fort peu industrialisés, aucun « plan social » ou de « restructuration » aux conséquences spectaculaires n’y a été mis en oeuvre. Mais des signes concrets d’une aggravation de la situation se multiplient aux portes d’Ajaccio. Corse composites aéronautiques, la plus importante entreprise industrielle de Corse-du-Sud (travaillant notamment pour Airbus), a imposé chaque semaine à sa centaine de salariés une journée de chômage technique, en a déjà programmé trois mois pour l’année prochaine, refuse le prolongement des CDD, tout en promettant que les choses iront mieux en…1911. Déjà annoncée par La Redoute, la fermeture définitive en décembre de sa boutique d’Ajaccio et le licenciement pur et simple des dix employées qui y travaillent. Une dizaine d’autres emplois sont menacés par la fermeture envisagée par Air France de son agence de la ville impériale, comme d’un millier d’autres en France. Dans l’éducation nationale, près de 80 auxiliaires de vie scolaire (les AVS) sont supprimés dans chacun des deux départements. Pour la seconde, le plan de restructuration de l’hôpital d’Ajaccio prévoit la disparition de 250 postes en dix ans ! Quant au BTP, largement dépendant des crédits publics, son activité en baisse se traduit déjà dans l’île par une sensible réduction des effectifs dans les entreprises artisanales, petites et moyennes. À tout cela s’ajoutent (plus peut-être qu’ailleurs en France, compte tenu du poids de la fonction publique dans l’emploi insulaire) les conséquences prévisibles du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite décidé par le gouvernement. Au nom d’une prétendue modernisation des réductions d’effectifs sont bel et bien à craindre malgré les démentis officiels, que ce soit dans les services des impôts et ceux du Trésor, appelés à fusionner, ou encore à La Poste dont le plan régional de suppression de bureaux en zone rurale a dû être reporté (mais non abandonné) en raison des réactions syndicales et de la population.

Bien que l’inquiétude grandisse, et bien que la précarité ne soit pas plus facile à supporter au soleil de l’île de Beauté qu’à l’ombre des hauts-fourneaux, la résistance à cette situation reste encore limitée. Parmi les initiatives lancées en cette période de vacances, la création en Corse-du-Sud d’un comité départemental pour l’interdiction des licenciements mérite d’autant plus d’être signalée (1). À son origine, des militants politiques du PCF et du Parti ouvrier indépendant, des syndicalistes (d’Air France, Corse Composite, La Poste, EDF…), des salariés (de La Redoute, le Crédit agricole ou la santé…) et des citoyens désireux d’agir. L’appel qu’ils lancent « à la population, aux retraités, aux travailleurs du public et du privé, aux travailleurs privés d’emploi » et « à toutes les organisations politiques de gauche » (2) dénonce vigoureusement les choix économiques et financiers dictés de l’Élysée et mis en oeuvre par François Fillon et ses ministres pour la plus grande satisfaction du MEDEF et autres financiers. « C’est une politique ! On peut en faire une autre », est-il affirmé.

Ainsi, contrairement aux incendiaires auteurs des mises à feu toujours recherchés, les causes et les responsables de l’embrasement redouté du chômage sont connus et clairement désignés. Pour leur résister un calendrier d’initiatives a été élaboré ; la première d’entre elles s’est déroulée devant la boutique de La Redoute (notre photo). D’autres en préparation précéderont l’envoi d’un(e) ou plusieurs délégué(e)s à la conférence nationale du 5 septembre à Paris, pour l’interdiction des licenciements.

(1) Une initiative analogue a été prise en Haute-Corse.

(2) Le PS sollicité n’a à ce jour pas fait connaître sa réponse.

Jean Rabaté

Publié dans emplois-licenciements

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